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agne ou sur les places de marchés, sont ceux que j’offre aujourd’hui au public. Ils ont pour objet, d’abord, de faire rire ceux qui pensent que « rire est le propre de l’homme » ; en outre, de procurer aux psychologues et aux linguistes des renseignements utiles sur le caractère normand et sur plusieurs patois calvadosiens.

Avant d’apprécier le caractère si complexe et si curieux des descendants de ceux « qu’a conquis l’Angleterre », je préfère l’étudier encore. Je voudrais dire seulement quelques mots sur les patois recueillis dans ces pages.

Ainsi qu’on peut le constater, les six histoires qui suivent sont écrites en six patois différents du Calvados. Je tiens à remercier ici, après MM. Charles GUERLIN DE GUER et Arthur MARYE qui m’ont aidé de leurs conseils, MM. Gast, Gautier, Brion, Esnault, Pouchin, Gallier, Élèves-Maîtres à l’École normale de Caen, qui ont bien voulu mettre à ma disposition leur connaissance des parlers des environs de Caen, de Bayeux, de Falaise, de Lisieux, de Pont-l’Évêque et de Vire. Si mes histoires ont quelque saveur locale, c’est à mes jeunes collaborateurs qu’elles le doivent en grande partie. Et pour les défendre auprès de ceux qui trouveraient à y signaler certaines expressions comme étrangères aux patois du Calvados, je me contenterai de rappeler qu’un patois quelconque, s’il est vivant, s’enrichit sans cesse de vocables empruntés à la ville, à la caserne, aux journaux et aux chansons ; qu’il y a, dans un même patois, des façons de s’exprimer particulières à tel ou tel individu ; enfin, que le meilleur moyen – je dirais volontiers, si je ne craignais d’être pédant, la seule méthode scientifique – d’étudier un patois consiste, non pas à consulter des glossaires, ni même sa propre expérience qui est toujours plus ou moins incomplète, mais à constater fidèlement l’usage actuel.

Voilà comment et dans quel esprit j’ai composé ces Monologues Normands.

L. B.
Caen, Ier Juillet 1903.