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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

nerfs… C’est très incommode ! ajoute-t-elle très sérieusement. Je

retenais mes larmes, car on n’aurait pas compris ce que j’avais, mais je n’ai pu m’empêcher de sourire en entendant Mmo G….. faire son récit à quelques dames en deuil, et dire que Mme Rouher, en apprenant la nouvelle, est tombée les quatre fers en l’air. On prend le deuil pour six mois : « on s’en dégoûtera sans doute avant, mais les premiers jours, vous comprenez !… » Ces Anglais ont toujours été hideux pour les Bonaparte, qui ont toujours eu la stupidité d’aller vers cette ignoble Angleterre, contre laquelle je me sens une haine et une fureur accomplies. On se passionne bien, on pleure bien, sur un roman. Comment ne pas être remuée jusqu’au fond de l’âme par cette catastrophe épouvantable, par cette fin horrible, odieuse, navrantel J’ai’tout de suite pensé que C. se tournerait vers la famille de Jérôme, et c’est ce qui est arrivé en effet. En somme, voilà tout un parti sur le pavé. 1l leur faut un prince pour la contenance au moins, et je crois qu’ils ne se désuniront pas ; quelques-uns, les moins compromis, iront à la République, mais les autres continueront à soutenir une ombre quelconque. Qui sait d’ailleurs ? Le roi de Rome mort, n’a-t-on pas cru que tout était fini ?

Mourir ? dans un pareil moment ! Mourir à vingltrois ans, tué par des sauvages et combattant pour des Anglais !  !

Je crois qu’au fond de leurs ceurs, ses plus crucls ennemis sentent comme une espèce de remords. J’ai lu tous les journaux, même ceux qui insultent ; je les ai arrosés de mes larmes. Je serais Française, homme, bonapartiste, que je ne