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JOURNAL

qu’il est habitué aux adorations e qu’il est sincèrement heureux du bruit qui se fait autour de lui ; la mère M. l’a naturellement prévenu par lettre de la merveille qu’il allait voir et nous lui parlons de faire son portrait. Il

n’a pas refusé, tout en disant que ce șerait difficile, presque impossible, une jeune fille faisant le portrait du Père Didon. Il est si en vue, on s’occupe tant de lui.

Mais c’est justement pour cela, idiot !… On m’a présentée comme son admiratrice fervente. Je ne l’avais jamais ni vu, ni entendu, mais je le pressentais tel qu’il est, avec ses inflexions de voix passant des notes caressantes à des éclats presque terribles, même dans la simple conversation. d’est un portrait que je sens tout à fait et, si cela pouvait s’arranger, je serais une bien heureuse personne. Il

a promis de venir nous voir, et, pendant un instant, j’ai désiré qu’il en reslât à sa promesse ; mais c’est bête et faux ; ce que je désire à présent est qu’il consente à poser. Rien au monde ne ferait mieux mon affaire de peintre ambitieux. Jeudi 26 décembre.

Nous allons nous promener en traîneau avec Mme G. La soirée finit en farce ; ces dames, la princesse, Alexis et Blanc s’en vont aux Variétés, et nous, Dina, le comte de Toulouse et moi, tirons un souper au champagne de l’armoire, et, après avoir soupé, nous arrangeons quatre couverts pour qu’on pense qu’il y a du monde, et je verse de l’eau au vin blanc dans la bouteille de Champagne vidée, que je bouehe soigneu-