Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
161
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

sement ; même truc pour le foie gras que je recolle. Ils reviendront tous souper. Bon appétit !

Dimanche 14 décembre. Berthe est venue me

prendre et, accompagnées de Bojidar, nous nous en allons à pied battre le quartier latin, place Saint-Sulpice, rue Mouffetard, rue de Nevers, la Morgue, rue des Anglais, etc.

Nous sommes montés en tramway pour un quart d’heure, et puis nous avons recommencé la marche ; cela a duré de trois à sept heures. Il n’y a rien d’adorable comme le vieux Paris ; il me rappelle Rome et les romans de Dumas, et Notre-Dame de Paris avec Quasimodo, et un tas de choses ravissantes et anciennes, Nous

avons acheté des marrons à un coin de rue et puis nous avons passé vingt minutes chez une marchande de chaussons où nous dépensâmes près de neuf francs, et chez une autre qui nous a presque dit des sottises parce que je marchandais : Madame, vous marchandez pour sept francs et vous n’hésitez pas à mettre deux cents francs à un manteau de fourrure ! Comment, J’en

avais un sur moi de deux mille francs.

Au détour d’une rue, comme nos chaussons ne font aucun bruit, nous laissons filer Bojidar et nous nous cachons sous une porte ; mais il nous retrouve vite et nous allons dans deux compagnies de déménagement commander deux voitures à quatre chevaux pour transporter les meubles de M. A… Berthe donnait tranquillement les détails : deux pianos à queue, un bain, des armoires à glaces doubles, de la vaisselle, un billard, etc. Après, nous avions envie d’en1. B. —— II.

14.