Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
173
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

le retravaillerai… si j’ai le sursis. Il est resté plus de deux heures. C’est un charmant garçon, je m’amuse beaucoup et suis de si bonne humeur que peu m’importe ce qui adviendra du tableau. En somme, ses balayages sont une excellente leçon. A deux heures, je me mets en quéte de mon côté et maman du sien. Je prends Dina avec moi, nous allons à la Chambre, je demande M. Andrieux (pour qu’il apostille ma demande à M. Turquet, le sous-secrélaire aux BeauxArts). On me fait attendre une heure en vain ; nous allons à la préfecture de police, il n’y est pas. Alors je vais porter une lettre au docteur K. dans laquelle je lui explique ce qu’il me faut. En rentrant, j’apprends que M. le préfet de police est venu chez nous se mettre à notre disposition et que Julian est au 37 avec maman. Julian est ravi du tableau. « Vous êtes un garçon, rien ne m’étonne de vous. » Il.dit toutes ces belles choses devant Mme Simonidès, qui était venue voir mon tableau, devant Rosalie, en mon absence.

Je suis tout en l’air et tout à la joie, avant même de savoir le résultat des démarches de maman auprès de Gavini, qui a écrit à Turquet. sursis, un sursis de six jours. Je ne sais qui au juste remercier, mais ce soir je vais à l’Opéra avec lcs Gavini ; je remercie le père Gavini, je crois que c’est à lui que je le dois. Je suis radieuse, triomphante, heureuse.

En somme, j’ai mon Non, mais ma peinture ! Julian en est toqué, Tony aussi a trouvé que c’est bien de ton, harmonieux, joli, énergique, et Julian ajoute que c’est séduisant et que les coloristes suédoises de l’atelier sont des bêtes de penser que la jolie couleur consiste en un procédé.

H. B. II, 15.