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JOURNAL

Je ne sais pourquoi je pense à l’Italie, ce soir. Ce sont là des pensées brûlantes que je tâche d’éviter toujours. J’ai cessé mes leclures romaines, parce qu’elles m’exaltaient trop et je me rabats sur la Révolution française ou la Grèce. Mais Rome, mais l’Italie. quand je pense à ce soleil, à cet air, à toul, je deviens folle. ·

Même Naples… Oh ! Naples, le soir !… Et ce qui est curieux, c’est qu’il n’y a pas d’homme dans l’affaire. Quand je pense que je pourrais aller là, je deviens folle. C’est tellement vrai que les décors de la Muette me causent une sorte d’émotion. Tony est venu, mais n’a rien tracassé à ma peinture. A six heures, nous sommes Mercredi 24 mars. encore là à causer.

Il y aura certainement au Salon, dit Tony, des choses vingt fois inférieures à cela, mais il n’y a tout de même pas de certitude absolue, car ce pauvre jury en voit passer près de six cents par jour, et on refuse parfois par dégoût ce qu’on a vu par mauvaise humeur ; mais vous avez cela pour vous, que cela a de l’aspect, que c’est d’une tonalité agréable. Et puis, j’ai Lefebvre, Laurens, Bonnat qui sont absolument de mes amis,

Quel brave garçon que ce Tony ! et je l’aime d’autant plus que je ne le crois pas heureux. L’autorité du nom du père et son talent naissant lui donnent la médaille d’honneur en 1870. Puis, peu à peu, tout s’oublie, tout s’efface et il lui surgit un ennemi qui, ayant de l’influence sur Wolf du Figaro, lui rend ce

  • terrible journaliste hostile. Avec ça il ne sait pas

baltre la grosse caisse et, tandis que des gens comme Cot font de grands portraits bien payés, il en fait de