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JOURNAL

c’est une passion, je n’ai rien ou la plus atroce des existences ! Ah ! misère de misère. Il y a pourtant des gens heureux sur la terre. Heureux, c’est trop ; une existence supportable me suffirait ; avec ce que j’ai, ce serait le bonheur.

Mercredi 30 juin. miss Graham et nous allons rue de Sèvres et passons là près d’une heure en face des maisons des jésuites. Mais il était neuf heures et nous n’avons vu que les restes de l’agitation. Je trouve cette dispersion bête et ne me l’explique que comme une mesquine revanche de M. Jules Ferry pour son article 7. L’influence des jésuites vient d’être considérablement augmentée ; si on déteste leurs doctrines, ce n’est pas ainsi qu’il faut s’y prendre… et il est tellement difficile de s’y prendre, qu’il vaut encore mieux ne pas y toucher. Il n’y aurait qu’une fantaisie qui serait applicable. Donner toutes sortes de garanties, faire toutes les avances à tous les jésuites qui existent, leur faire don d’un terrain, leur bâtir des maisons, leur créer une cité et quand ils seront tous là, faire sauter le tout. Je ne déteste pas tant les jésuites que je les crains, dans l’ignorance où je suis de ce qu’ils sont au juste. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui sait cela au juste ? Non ! Mais il est difficile de faire quelque chose de plus bête et de moins utile que cette dispersion. Pourquoi Gambetta laisse-t-il faire ? J’ai cru un instant qu’il laissait faire pour intervenir victorieusement. Au lieu de peindre, je prends Mercredi 14 juillet. — Anniversaire de la prise de la Bastille. Revue, distribution de drapeaux, illuminations, bals dans tous les carrefours.