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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Paris a un cachet de nouveauté charmante. A six heures, nous prenons le train de ceinture à la Porle Maillol. Je me suis habillée d’une robe rose coûtant 25 francs au magasin du Printemps. Remarquez que nous allons voir les illuminations et les émeutes à Belleville. On cause et on rit tant, que l’on manque la station et que nous changeons par trois fois de train. Ce qu’il y avait d’inquiétant, c’est que les quartiers semblaient abandonnés. Enfin nous débarquons en plein désert, il est huit heures et on commence à avoir faim. Gaillard parle de dîner au lac Saint-Fargeau : ombrages délicieux, lac, bonne cuisine, etc., etc. Adopté. On se met à sa recherche, et on entre dans un parc, les buttes Chaumont. On a une faim atroce ; mais on se console en trouvant le paysage superbe, surtout certain pavillon à l’air de temple. Julian aborde presque tous les passants et se renseigne quant au restaurant, qu’on nous indique de tous côtés. Enfin, après avoir marché et admiré le pavé pour nous consoler, nous apercevons un lac et un restaurant illuminés. C’est superbe ; on s’élance ; mais au bout de dix minutes de marche, on trouve une barrière. Il faut retourner et prendre par un autre côté. C’élait. désolant ; la future Mmo Gaillard mourait de faim. Et chaque fois que nous prédisions, pour rire, quelque mésaventure, elle arrivait. Le lac n’était pas Saint-Fargeau, et le restaurant un simple café où on ne trouve rien à manger. — Descendez à la Villette, disait l’un. Si vous voulez manger quelque chose debout, dit un citoyen pochard, entrez là, et il indiquait un mastroquet. O

bonheur ! Un fiacre passe, mais refuse de nous prendre, et ce n’est qu’après de vives instances et des. supplications qu’il consent. On s’empile à cinq et on N. B. — II,

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