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JOURNAL

mais quand on est arrivé, on semble dominer le monde.

Il y avait une foule de gens, venus comme nous, qui gâtaient la nature.

Jeudi 19 août. — Je ne vaux rien ce matin, les yeux,

la tête fatigués. Et dire que je ne pars que samedi ! Aujourd’hui, je n’ai pas le temps ; demain, c’est vendredi, et si je partais un vendredi, je penserais que les embêtements qui m’arrivent toujours sont arrivés à cause de cela.

PARIS. Dimanche 22 août. cabinet d’études me paraît joli et confortable ! J’ai lu les journaux hebdomadaires illustrés et autres brochures… Tout est au pair maintenant, c’est comme si je n’étais pas partie. 2 heures après-midi. Je me console ( !) en pensant que mes ennuis sont l’équivalent de ceux de toute nature que les artistes ont à vaincre ; puisque je n’ai pas à subir la pauvreté et la tyrannie des parents…, car c’est de cela, n’est-ce pas, qu’ils se plaignent, les artis— 8 heures. Çe que mon

tes ? Ce n’est pas en ayant du talent que je m’en tirerai, à moins que cela soit… un coup de génie ; mais ces coupslà, les plus grands génies ne les ont jamais eus après trois ans d’études seulement, surtout maintenant où il y a tant de talents.

J’ai de bonnes intentions, et puis, tout à coup, je fais des folies comme dans un rêve… Je me méprise et me déteste, comme je méprise et déteste tous les autres et Ies miens…, Oh ! la famille… Tenez, ma tante a fait trente petites ruses pour me mettre du côté où la fenêtre n’ouvrait pas (en wagon) : j’ai consenti de guerre