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JOURNAL

bien mėme comprendre à présent que c’est très bien, mais c’est antipathique, et cela m’ennuie. C’est comme Georges Sand… Encore un écrivain avec lequel je ne sympathise pas, et Georges Sand a en. moins de Gautier cette vigueur, cette crânerie qui vous donnent du respect, sinon de l’amitié pour lui. Georges Sand… Enfin, c’est très bien. J’aime mieux Daudet dans les modernes ; il écrit des romans, mais semés d’observations justes, de choses vraies, senties. On vit là dedans.

Quant à Zola, nous sommes en froid ; il s’est mis à attaquer, dans le Figaro, Ranc et d’autres individualités républicaines, avec un acharnement de mauvais goût, qui ne sied ni à son grand talent, ni à sa grande situation littéraire.

Mais que voit-on dans Georges Sand ? Un roman joliment écrit ? Oui, après ? Eh bien, ses romans m’ennuient. Tandis que Balzac, les deux Dumas, Zola, Daudet, Musset ne m’ennuient jamais. Victor Hugo, dans sa prose la plus romantiquement folle, dans Han d’Islande, n’est jamais fatigant. On sent le génie, mais Georges Sand ! Comment peut-on lire trois cents pages remplies des faits et gestes de Valentine et de Bénédict, accompagnésd’un oncle, d’un jardinier, que sais-je ? Toujours le nivellement social par l’amour ; ce qui est ignoble.

Qu’on établisse l’égalité, c’est admirable, mais qu’elle ne soit pas due à des caprices de sexe… La comtesse amoureuse de son valet, et des dissertations làdessus ! Voilà le talent de Georges Sand. Évidemment ce sont de très jolis romans, de jolies dėscriptions de campagne… Mais je voudrais quelque chose de plus… Je ne sais trop m’expliquer… Voilà des choses qu’il ne faudrait pas croire ; je crois toujours m’adresser à