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JOURNAL

naire. Sentir que c’est beau et comprendre pourquoi c’est beau, voilà un grand bonheur. Lundi 11 octobre. Je me mets à la peinture avec la tête montée d’hier ; il est impossible de ne pas arriver å avoir du talent, quand on a des révélations comme celle d’hier.

Hier, j’ai reçu la dépêche suiMardi 12 octobre. vante

de Poltava : — « Toute la noblesse vous présente en nos personnes ses félicitations à l’occasion élection unanime de votre père — Buvons votre santé

Abaza. Manderstern. »

Abaza est celui que j’ai connu, en Russie, le plus gros bonnet de Poltava, après l’avoir été à Pétersbourg et à Odessa.

Manderstern est le maréchal de la noblesse du gouvernement, comme mon père l’est du district de Poltaya. Voici

ma réponse télégraphique. Il faut me montrer polie, car les affaires de famille ne regardent personne et puis, c’est une sorte de… comment dire, c’est presque officiel, c’est pompeux : « Flattée de la gracieuse attention, je remercie cordialement les dignes interprètes de la noblesse de Poltava, å laquelle je souhaite mille prospérités. « MARIE BASHKIRTSEFF. » C’est digne, c’est noble, c’est une dépêche de grand homme, et puis ce n’est pas un style télégraphique avec tous les adverbes, etc., supprimés. Bref, ma fille, tu me fais pitié.

Je relis très attentivement Paul et Virginie, et j’excuse volontiers les naïvetés un peu guindées du style