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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

dans les descriptions des vertus de ces braves gens. Mais je viens de me payer une séance de bonnes larmes !

Vous savez, quand Paul revient de chez le voisin et demande de loin à la négresse Marie : -Où est Virginie ? Marie tourne la tête vers lui et se met à pleurer. Et moi aussi. Non, c’est atroce aussi pour cet enfant de revenir et de ne plus la trouver. Alors, il court sur le rocher et aperçoit le vaisseau qui n’est plus qu’un point noir… là, on est pris de rage pour lui. Et je pleure etje pleure ! Et quand Paul dit au chien qui courait devant lui : — Va, tu ne la trouveras plus jamais ! C’est plus fort que moi. Et la lettre de Virginie où elle envoie des graines de violettes à Paul. Non, mais le moment atroce, c’est lorsqu’elle est partie et qu’il regarde le point noir sur l’horizon, du haut du rocher. Bernardin de Şaint— Pierre n’a pas compris luiméme ce qu’il a fait ; c’est un passage sublime dans sa simplicité, et incomparable comme émotion. Vendredi 15 octobre.

— J’ai repris le portrait que j’ai fait, avant cet été, d’une élève de chez Julian, pas les cheveux jaunes, non, une autre : une créature ravissante. Des cheveux bruns avec des reflets rouges. Une fraicheur et une vie ! Un teint ravissant (mais disposé à se couperoser), des yeux bruns adorables, une bouche divine. Mais quelque chose d’un peu ordinaire dans la figure vue de face ; je la fais de profil. Et un cou, des bras splendides de couleur et de forme. Elle a vingt-cinq ans et est veuve avec un petit garçòn de cinq ans et demi. Si cette femme-là élait modèle, je la prendrais à l’année. Et elle a des mains admirables avec cela, et une peau admirable aussi. Non, il est impossible de rendre M. B. — II.

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