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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Samedi 1* janvier. sage à A… qui m’a embrassée deux fois et, comme nous étions seules, je l’ai questionnée sur la marche de son amour, sur le commencement, et elle m’a raconté ca : — Voilà six ans que cela dure sans aucune — J’ai donné un bouquet de corespèce de variation. Élle reconnait son pas dans l’escalier et la manière dont il ouvre la porte, et chaque fois cela la saisit comme les premiers jours.— Je comprends cela ; si c’était autrement, ce ne serait plus ça. On dit qu’on s’habitue, que les sensations s’effacent ; vous voyez bien que c’est une erreur, et l’amour qui change ou qui s’apprivoise n’est pas le véritable. J’aurais horreur de changer. Bien peu de personnes sont assez heureuses pour éprouver l’amour véritable, qui est éternel, mėme lorsqu’il n’est pas partagé. En général, on est incapable d’éprouver un šentiment aussi entier, ou bien l’on en est distrait ou empéché et on se contente de lambeaux qui changent, eux ; c’est ce qui fait hausser les épaules à beaucoup de gens quand on parle d’anour éternel ou unique, ce qui est très rare.