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JOURNAL

JOURNAL dire

Si c’est ainsi, je ne le fais pas, votre tableau !…

Mais ce serait combler de joie A…, qui verrait ses efforts couronnés de succès. Si je ne me retire pas, c’est uniquement pour cette raison. Je dis tout cela tout haut et ajoute que je vais laisser aller les choses, convaincue qu’A… n’acceptera pas de me géner si horriblement. Je fais semblant de croire que c’est impossible et fais bon visage. Samedi 8 janvier. — C’est une vraie passion que j’ai pour les livres, je les range, les compte, les regarde ; rien que cette masse de bouquins me réjouit le ceur ; je m’éloigne pour les regarder comme un tableau. J’ai sept cents volumes à peu près, mais comme ils sont presque tous de grand format, cela ferait beaucoup plus en grandeur ordinaire. Dimanche 9 janvrer.

gner, vu que je ne suis pas ses ordonnances. Ah ! je voudrais bien partir, m’en aller en Italie, à Palerme. Ah ! le ciel pur ! Ah ! la mer bleue ! Ah ! les belles nuits calmes ! L’idée seule de l’Italie me rend folle. C’est comme quelque chose de très beau pour lequel on n’est pas préparé. Non, ce n’est pas cela… je ne sais pas m’expliquer… Cela me semble comme un grand bonheur définitif vers lequel on ne voudrait aller que délivré de toute préoccupation, de tout ennui. Quand je me dis : Allons ! je pense aussitôt : Non, pas encore ; il faut encore lutter, travailler et puis après, je ne sais quand, le repos définitif, l’Italie… Je me demande ce qu’il y a là, mais sur moi l’effet est prestigieux, magique, inconcevable.

Oh ! oui, partir ! Pour que Charcot, Potain et tous les autres me disent de partir, il faut que je sois bien Potain refuse de me soi-