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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

malade ! Je sens que l’air chaud de là-bas me guérirait tout de suite, mais c’est leur faute. Pourquoi maman ne revient-elle pas aussi ? Ils disent que c’est un caprice de ma part, soit, mais c’est comme ça. Enfin !… Tout est fini. Encore un an peut-être. 1882 est la grande date dans mes réves d’enfant ; c’est 1882 que je plaçais comme un point culminant, sans savoir quoi. Ce sera peut-être la mort. Ce soir, à l’atelier, le squelette était déguisé en Louise Michel, avec une écharpe rouge, une cigarette, un couteau à palette pour poignard. Un squelette est dans moi aussi, nous finissons tous par là ! Horrible néant ! Ce matin, j’avais déjà. fait une esquisse : le marché aux fleurs de la Madeleine. Une jolie Parisienne avec un petit garçon achetant à une vieille marchande émergeant de sa boutique pleine de fleurs. Il n’y a qu’à faire comme on voit, c’est très nature, très parisien, très amusant à faire et à voir, et parfaitement faisable dans mon atelier. Et puis toutes ces fleurs, c’est ravissant. Et c’est plus facile que l’officiel, et plus vite fait, et fait tranquillement chez moi. Enfin… il faudra savoir ce que dira Tony, car Julian tient à sa boutique, lui. Mercredi 12 janvier. mence à faire mes plans, esquisse, etc. Et comme je pense qu’A… lâchera son tableau, je ferai cela deminature et avec beaucoup de monde dedans. Tout est arrangé, je comJeudi 13 janvier (1or janvier, le jour de l’an russe). — Je tousse toujours un peu et respire péniblement. Mais aucun changement notable, ni amaigrissement, ni påleur. Potain ne vient plus, ma maladie n’a, parait-il, besoin que d’air et de soleil ; il est honnête, le Potain et ne veut pas me bourrer de médecines inu-