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JOURNAL

Ma famille trouve cette marque de dévouement admi. rable de la part d’une servante ; maman s’est attendrie. Je verse un seau d’eau sur le tapis, sous le lit, casse une vitre et couche dans mon cabinet de travail, de colère.

C’est comme cette scie de vêtements chauds ! Ma famille s’imagine que l’on a un intérêt particulier à se faire geler, et ça m’embėte à un tel point que souvent je ne me couvre pas pour leur prouver l’inutilité de leurs obsessions. Oh ! ces gens-là me font crever de rage…

J’apprends à l’atelier que Breslau est déjà reçue et je n’ai pas de nouvelles de mon tableau. J’ai travaillé jusqu’à midi, et puis nous avons fait des courses qui m’ont paru atrocement lonMardi 29 mars. gues.

J’ai épuisé tous les raisonnements tacites du monde et je n’ai gagné que la fièvre et un mal de tête, sous des dehors calmes, il est vrai. Mais cette bête de Rosalie étant allée demander de l’argent à ces dames pour expédier la dépêche où je peins mes inquiétudes à Tony, ces dames ont lu la dépêche ; c’est affreux maintenant, je ne puis ni paraitre à l’atelier ni rester ici. Oh ! ma famille i… Je ne vous souhaite pas mes angoisses, quand même vous seriez n’importe qui. Mercredi 30 mars. J’ai fait semblant de dormir jusqu’à dix heures, pour ne pas aller à l’atelier, et suis très misérable.

Voici la réponse de Julian. Cela me calme un peu… Songez donc. Non, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que serait pour moi le refus du tableau ! Ge ne