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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

serait plus… Enfin, je n’aurais à crier que contre moi ! Et je ne sais pas ce qui est plus affreux : étre soi-mėme coupable de sonintortune ou souffrirà cause desautres… Ah ! ce serait un de ces coups en pleine poitrine, je ne m’imagine pas ce que je ferais… Enfin, il faut espérer… Poisson d’avril à pari, je suis Vendredi 1°* avril. reine. Julian est venu le dire lui-même hier après minuit, en sortant de chez Lefebvre. Nous avons pris du punch à l’atelier. Bojidar, sans que je le lui demande, s’est informé chez Tidière (un jeune homme d’en bas) et assure que j’ai le numéro 2. Cela me parait excessif. Dimanche 3 avril. — Jamais Patti n’a chanté avee plus d’entrain qu’hier ; sa voix avait une largeur, une fraicheur, un éclat ! Le boléro des Vépres siciliennes a été bissé. Mon Dieu ! comme j’avais une belle voix ! Elle était puissante, dramatique, empoignante ; ça faisait froid dans le dos. Et maintenant, plus rien, pas même de quoi parler !

— — Est-ce que je ne guérirai pas ? Je suis jeune, je pourrai peut-être…

La Patti n’émeut pas, mais elle peut faire pleurer d’étonnement, c’est un véritable feu d’artifice ; hier, j’ai été positivement saisie à un moment où elle a lancé un jet de notes, mais pures, mais hautes, mais d’une déli cațesse !..

Mardi 5 avril. — Surprise ! mon père est arrivé. On est venu me chercher à l’atelier et je le trouye dans la salle à manger avec maman qui lui fait mille tendresses, Dina’et Saint-Amand, ravis du spectacle de ce bonheur conjugal.

Nous sortons cnsemble : Monsieur, Madame et bébé ; M. R. —— !’.

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