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JOURNAL

s’a pprend pas. Comprenez-vous ? Tout ce qui ne s’apprend pas. Ge que vous n’avez pas s’apprend, et vous l’apprendrez.

— Oui… c’est étonnant et si seulement vous voulez travailler, vous ferez des choses très bien, c’est moi qui vous le garantis. Et moi aussi, monsieur. Il est deux heures, je jouis de mon dimanche. De tempsen temps, j’interromps cette chronique historique pour regarder une anatomie et des dessins d’écorchés achetés aujourd’hui.

Mercredi 7 novembre. Il fait gris et humide, je ne vis que dans le mauvais air de l’atelier. La ville, le bois, c’est la mort. Je ne travaille pas assez. Je suis jeune, oui, très jeune, je sais, mais pour ce que je voulais, non… Je voulais être célèbre à l’âge que j’ai, pour n’avoir besoin d’aucune lettre de recommandation. Je l’ai sottement et mal voulu, puisque je n’ai fait que le vouloir. J’arriverai, quand la plus charmante des trois jeunesses sera passée, celle pour laquelle je voulais tout. Pour moi, il y a trois jeunesses ; de seize à vingt, de vingt à vingt-cinq et de vingt-cinq à… à comme on veut. Les autres jeunesses qu’on a inventées ne sont que des consolations et des bêtises.

A trente ans commence l’âge mûr. Après trente ans, on peut étre belle, jeune, plus jeune même, mais ce n’est plus le même tabac, comme dit Alexandre Lautrec, le fils de celui de Wiesbaden. Jeudi 8 novembre. Il n’y a qu’une chose qui pouvait m’arracher de l’atelier avant l’hcure et pour