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JOURNAL

pluie nous a fait dix fois nous cacher dans le pavillon (une vraie voiture de saltimbanque), et maintenant que nous sommes rentrés à la maison, il fait beau ; je perds une heure. Avant-hier, je voulais crever ma toile ; depuis hier, c’est une rage de travail. J’ai fait le croquis d’un de mes tableaux pour le Salon. Le sujet m’enchante, ça s’arrange et je brûle d’impatience de le faire. Mercredi 6 juillet (24 juin). – qui est mieux que ce que j’ai fait jusqu’ici, la tête surtout que j’ai refaite entièrement trois fois. Mais n’ayant pas dessiné avec assez de soin, il se trouve que le bras est un peu court et qu’il y a de la gaucherie dans la pose. Or, ces défauts-là ne me sont pas pardonnables, attendu que j’ai ce qu’il faut pour les éviter. J’aurais laissé ça là plusieurs fois, car enfin autant aurait valu faire plusieurs études que d’achever ce bras trop court ; j’avais toujours l’espoir que mon père me l’achèterait, ne m’ayant fait aucun cadeau et moi étant venue ici… ; mais ça n’a pas l’air de prendre. Il y a foire au village, nous y allons et l’on e’amuse à jeter tous les bonbons qu’on peut trouver à la foule ; c’est comme les confetti du carnaval. Ça fait un beau mouvement d’ensemble, toutes les mains se tendent à la fois, tout le monde se précipite par terre, c’est comme une vague humaine. C’est beau, la foule ! — J’ai fini mon tableau Lundi 7 juillet.

me reconduire jusqu’à ma chambre et nous avons causé de choses sinistres à propos de miroirs cassés. Et les trois bougies, j’en ai eu deux ou trois fois ici. Enfin, est-ce que je vais mourir ? Il y a des moments Nini, sa seur et Dina sont venues