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JOURNAL

imbéciles pleuraient leurs idoles qu’on noyait en méme temps qu’on baptisait les hommes. On est encore si ignorant de la Russie, où tant de beautés et tant de richesses demeurent inconnues, que je vous apprendrai peut-êlre une nouvelle en disant que le Dnieper est une des belles rivières du monde, et que ses bords sont adorablement pittoresques. Kieff est båti en désordre, pêle-méle, n’importe comment ; ii y a la ville basse et la ville haute, des rues escarpées. Ce n’est pas confortable, car les distances sont énormes, mais c’est intéressant, Il ne reste rien de l’ancienne ville ; du reste, notre civilisation d’alors se contentait de temples chéti fs bâtis sans artet sans solidité, ce qui fait que nous ne possédons pas ou peu de monuments. Si j’étais portée à l’exagération, je dirais qu’il y a autant d’églises que de maisons. Les cathédrales et les couvents sont en nombre considérable ; en effet, il y en a jusqu’à trois, quatre à la file. Tout cela avec beaucoup de coupoles dorées ; les murs et les colonnes blanchis à la chaux ou peints en blanc, avec des corniches et des toits verts, Souvent aussi toute la facade est peinte : des scènes de la vie des saints, des images, mais d’une naïveté complète.

Nous allons d’abord à la Lavra, couvent où les pèlerins viennent par milliers tous les jours, de toutes les parties de la Russie. L’iconostase, ou cloison qui sépare l’autel de l’église, est couvert d’images peintes et recouvertes d’argent. Les châsses etles portes, entièrement plaquées d’argent, doivent représenter des sommes assez rondes, avec les cercueils des saints aussi recouverts d’argent travaillé, et les chandeliers et les lustres, et tout le reste, tout en argent. On assure que ces moines.ont des sacs pleins de pierreries.