Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
304
JOURNAL

plaisir, vous vous trompez joliment. Du reste, c’est tout naturel, elles n’ont ni ma jeunesse, ni mes curiosités. Enfin, puisque c’est passé, je ne parlerai plus de leurs innocentes taquineries, d’autant plus qu’elles sont si tatillonnes que j’aurai mille occasions d’en reparler. saugrenues,

affectant de se croire dans un pays où on ne va jamais ! -Et le guide disait qu’il fait froid à Burgos

; c’est une vraie désolation, et on aurait dû empor.ter 

les pelisses.-Quel pays ! Et y voir quoi ? La cathédrale

? mais il n’y a que les Anglais qui vont là. Et

le pire, c’est que tout ça s’adressait à moi à la troisième personne, ou bien on ne disait rien, mais, tout en parlant d’autre chose, des airs ! Et si je proteste, on dit que je cherche des prétextes à querelles. Et pourtant je n’ai pas insisté. Ce sont elles qui ont proposé de venir en Espagne.

Donc, Burgos… Ah ! elles sont insupportables ; quand ce n’est pas la résignation douloureuse et les plaintes à la troisième personne, c’est une indifférence si complète, qu’on en est tout surpris. J’ai tout de même fait une pochade dans la cathédrale… La décrire, est-ce possible ? Cet amas d’orncmentations, de sculptures peinturlurées, de dorures, de fioritures, de fanfreluches, qui font un tout grandiose. Ah ! les chapelles demi obscures, les grandes grilles, non, c’est une merveille vraiment. Et surtout ce cachet de romantisme religieux ; ces églises appellent les rendez-vous ; on prend de l’eau bénite et l’on cherche à qui faire de l’œil. Il en est de même de ce couvent comparativement modesle de la Cartuja. Nous y allons vers le soir, ce qui accentue encore la poésie des églises espagnoles ; à la cathédrale, on montre cette fameuse Madeleine de Léonard de Vinci ( ?) HorDes airs malheureux et puis des questions.