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JOURNAL

ait un côté moqueur qui vous mette à l’abri de la raillerie, quelque légère qu’elle soit. Mais recevoir une impression profonde et la dire simplement, sérieusement comme on l’a sentie… Je ne me figure pas que je le pourrais, à d’autres qu’à quelqu’un que j’aimerais complètement… Et si je le pouvais à un indiffé, rent, cela créerait immédiatement un lien invisible et qui gênerait fort après ; on semble avoir commis une mauvaise action ensemble. Ou bien alors il faut l’échange d’idées à la parisienne, affectant un peu de regarder ça au point de vue du métier, pour ne pas paraître trop poétique et parłant du côté artistique, avec des mots qui en font quelque chose d’exquis, mais de boulevardier : « saveurs, finesses…

bonnement ce qu’on peut voir de plus étonnant… » et puis c’est « très fort, c’est tout Mardi 4 octobre. – Mais attendez, terminons hier. Donc, du Buen Retiro, nous allons à un café entendre chanter et voir danser des espèces de gitanes. C’est tout à fait étrange ; une guitare raclée par un homme et une douzaine de femmes tapant des mains en mesure ; puis, tout à coup, une d’elles se met à pousser des notes, des chants chromatiques en désordre : imp :)ssible de raconter ça. C’est tout à fait arabe,. au reste ; au bout d’une heure, on en a bien assez. Ces femmes sont en peignoir avec fichu sur les épaules et fleurs dans les cheveux, et ces robes de mousseline ou même de toile empêchent de voir les mouvements si caractéristiques des hanches. Les femmes espagnoles sont toutes amusanles à peindre, sinon jolies. Des teints, des, yeux. Ah ! on comprend la peinture espagnole en les voyant, c’est… superbe ! en pleine pâte, c’est, gras, c’est large, c’est d’une couleur !  !…