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JOURNAL

ce qu’on découvre est bien curieux ; des dessins, arabesques à couleurs encore vives, des plafonds de bois noirci, à caisson, avec des poutres se rencontrant curieusement tout en haut ; la cathédrale naturellement admirable comme celle de Burgos, d’ornements. Ah ! les portes sont des merveilles, et le cloftre, avec sa cour remplie de lauriers roses et de rosiers entrés dans la galerie et grimpant le long des piliers à statues graves et tristes ! Et lorsqu’il vient un rayon de soleil, c’est d’une poésie incomparable. Du reste, les églises espagnoles sont quelque chose qu’on ne se peut figurer. Les guides en haillons, les sacristains en velours, les étrangers, les chiens, s’y promènent, prient, aboient, etc., et c’est d’un charme étrange. On voudrait là, au sortir d’une chapelle, rencontrer subitement, derrière un pilier, l’idole de son âme. Il est incroyable qu’un pays si voisin du centre de la corruption européenne soit encore si neuf, si vierge, si sauvage !

A Tolède, on est au diable, ce semble… Je ne sais pas, moi, il y a trop de choses à voir et j’y suis restée quelques heures. Pourtant je reviendrai peindre certaines rues toutes noires… Et ces colonnettes, pilastres, plafonds, vieilles portes à gros clous espagnols et mauresques, des bijoux, des merveilles ! Mais il faisait chaud, j’ai mal vu… G’est pittoresque ; tout est tableau, on n’a même pas à choisir, tout est étrange et intéressant ; mais ça n’a pas les sympathies de mon ceur… En voyant mieux peut-être ?… Mais c’est ce mélange des Goths, des Arabes et des Espagnols ; enfin, ca ne me regarde pas. Le Coro de la cathédrale est vraiment une merveille ; par exemple, les stalles ont des bas-reliefs historiques en bois sculpté avec tant de détail et une telle finesse qu’on est saisi d’admiration. Ah ! je vous — une profusion