Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
315
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

des Infants et des reines sans enfants soit reconstruit. Le

Coro est en bois sans sculpture, mais il y a au milieu un lutrin merveilleux avec des livres grands comme moi,

La bibliothèque, ob ! il y a là des manuscrits que j’ai admirés longtemps, bien que je n’y connaisse pas grand’ chose.

Et vous voulez que je préfère des mièvreries à cette sombre majesté ! Quel caractère, quelle sobriété et que nous voilà loin des indescriptibles amas d’ornements à profusion et des cassantes gravités de Tolède. Puis on vous fait traverser un parc où le Roi chasse les lapins et on nous fait visiter le pavillon construit en 1781, je crois. Un bijou. Les escaliers et les parvis en marbre de couleur, et une quantité de petits salons tapissés de tableaux, de beaux tableaux même, ou de soie pâle délicieusement fanée, à broderies ravissantes, des fleurs bleues et roses ; — le vert harmonieusement flétri se détaché finement sur du blanc devenu d’un ton d’ivoire incomparable. Ces petits salons de satin blanc passé ou à peine bleu avec du satin or påle, avec des plafonds délicieusement peints ou incrustés, c’est à en perdre la tête. Il y a un cabinet orné de tableaux brodés sur la tenture ; à quelques pas, on dirait des peintures. Et puis des ivoires et des páles de riz miraculeuses. Une des choses les plus curieuses ici, c’est le Rastro, une rue occupée par toute espèce de baraques, comme les foires des villages russes, où l’on trouve de tout. Et une vie, une animation, un grouillement, sous ce soleil brůlant. C’est admirable ! Ces infiniment riches bric-à-brac se logent Dimanche 16 octobre.