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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

ĐE MARIE BASHKIRTSEFF. 319

à Cordoue, juste le temps de jeter un coup d’æil sur la ville qui est ravissante… à sa façon ; enfin, j’adore les villes comme ça : il y a là des restes romains qui me ravissent, et la mosquée est une véritable merveille. On aimerait rester un mois à Cordoue. Mais pour cela il ne faudrait pas voyager avec sa tante qui,.en dix minutes, trouve le moyen de vous enrager dix fois, d’abord, en rageant elle-même : tantôt, c’est « il n’y a rien à voir et le guide nous mène exprès pour gagner de l’argent et nous faire manquer le train ». Puis c’est une voiture qu’il faut pour aller à la mosquée ! A Cordoue ! A huit heures du matin ! Songez donc, on peut s’enrhumer et puis moi, qui me meurs, je ne puis marcher ; bref, un air furieux. Douce société, adorable compagnie pour un voyage artistique à travers l’Espagne ! Moi, je prie Dicu tout le temps pour qu’il fasse que ça ne fasse rien ; car c’est désespérant de voir tout abimer comme ça. C’est égal, je n’ai pas de chance ; c’est à pleurer.

Je me soigne et aime le confort, et suis très gourmande ; mais quand on vient m’ennuyer avec ça toute la vie, j’aime mieux être abandonnée dans la rue !… Ah ! Seigneur, que ces gens-là m’ennuient !  !… Au moins, tant qu’il y avait le petit Pollack, j’échappais jusqu’à un certain point à ces ennuis… Du reste, ma pauvre tante est rayie quand il y a quelqu’un, car elle sait bien qu’elle m’enrage, la pauvre femme. Samedi 22 octobre.— Eh bien ! nous voilà dans cette Séville tant vantée. En somme, je perds bien du temps ici. J’ai vu le musée : une salle unique pleine de Murillo ; j’aimerais mieux autre chose, surtout là ; il n’y a que des vierges et d’autres saintetés. Moi, qui suis barbare, outrecuidante, ignorante et grossière, je n’ai pas