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JOURNAL

encore vu de vierge comme je m’imagine qu’elles devraient ėtre. Les vierges de Raphaël sont belles en photographie… Du reste, je vous dirai ma précieuse opinion quand j’aurai revu cela. Murillo ne me dit pas grand’chose, je l’avoue, avec ses vierges aux joues roses et aux visages ronds., Il y a celle du Louvre qu’on a tant copiée ; c’est la mieux sentie, on peut même la qualifier de divine.

Et la fabrique de cigares et de cigareltes ! Une odeur ! Si ce n’était que le tabac ! Un péle-méle de femmes avec bras et cou nus, de fillettes et d’enfants. Pour la plupart, ces êtres grouillants sont jolis, et c’est une visite curieuse. Les femmes espagnoles ont une grâce que les autres femmes n’ont pas. Des chanteuses de café, des rouleuses de cigarillos marchant comme des reines, et avec cela une souplesse, une grâce incomparables. Et des cous altachés d’une façon ! Des bras ronds et d’une forme très pure avec un ton magnifique. Des créatures victorieuses et étonnantes. Il

y en avait une surtout qui se levait pour aller prendre des feuilles de tabac : un port de reine, une souplesse de chatte, une grâce divine…, avec une tête superbe, une carnation éblouissante, des bras, des yeux, un sourire !… Nom d’un chien ! Sans compter celles qui n’ont que du chic. Les fillettes sont toutes drôles et ravissantes ; il y a des laides, mais peu. Et les laides mėmes ont quelque chose. Mardi 25 octobre.— Eh bien ! tachons de justifier du temps… Je m’embrouille. J’ai vu la cathédrale qui est une des plus belles du monde, selon moi, et une des plus grandes ; — l’Alca zar, avec ses jardins délicieux, le bain des sultanes ;