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JOURNAL

étoffes, le grand vase qui figure dans le fond… A quoi bon ces détails ? Seulement à me faire pleurer. Je me sens beaucoup plus forte ; je mange, je dors, je suis presque aussi forte que d’habitude. Mais il y a la congestion pulmonaire, en bas, à che. Le côté droit, le chronique, est mieux, paraft-il, mais ça m’est indifférent, c’est ce mal aigu qui peut se guérir, qui m’enferme chez moi pour quelques semaines encore. C’est à aller se noyer. Ab ! c’est si cruel à Dieu l J’avais des ennuis, des tristesses de famille, mais cela ne m’atteignait pour ainsi dire pas jusqu’au fond de mon être, et puis des espérances énormes… Je perds ma voix attaque personnelle — enfin je m’y habitue, je m’y résigne, je m’en tire, je m’en console. Ah ! puisque tu t’accommodes de tout cela, eh bien ! on t’otera le moyen de travailler ! Ni étude, ni tableau, plus rien, et un retard de tout un hiver ; moi, qui avais mis toute ma vie dans mon travail. Ceux-là seuls qui ont été à ma place peuvent me comprendre.

gaupremière Mercredi

7 décembre. — Ce qui m’exaspère, c’est ma maladie. Hier, l’horrible sous-Potain, qui vient tous les jours— le grand homme ne pouvant se déranger que deux fois par semaine donc le sous-Potain m’a demandé d’un air détaché si je me préparais à voyager ? Leur Midi ! Oh ! rien que cette idée me mel l’esprit en convulsion ; je n’en ai pas diné et si Julian n’était pas venu, j’aurais pleuré toute la soirée de rage Eh bien ! non, tant pis ! mais je n’irai pas dans leur Midi.

Vendredi 9 décembre. Il y a un dessin de Breslau