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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

dans la Vie moderne. Si je n’avais tant pleuré, j’aurais pu utiliser ma maladie, faire des croquis, des esquisses. Mais mes mains tremblent encore un peu. Le poumon est dégagé, mais la température est toujours à 38 degrés. Me voilà belle en vous faisant part de tous ces détails !

Je me sens perdue et je n’ose rien demander, de peur d’entendre dire ce que Breslau est en train de

faire. Ah ! mon Dieu, écoutez-moi, donnez-moi la force, ayez pitié de moi !

Jeudi 15 décembre. Voilà quatre semaines | deux jours que je suis malade. Je fais une scène à larmes au sous-Potain, qui ne sait comment me calmer ; car, quittant les calembredaines, coq-à-l’âne et autres choses exquises dont je régale son imagination, je me suis mise à me plaindre et à pleurer de vraies larmes, les cheveux tombés, et j’ai balbutié des griefs enfantins dans un langage de petite. fille. me suis montée à froid et que je n’en pensais pas un mot. Du reste, c’est comme lorsqu’il m’arrive de jouer certain rôle de comédie, je suis pour de bon påle, et je pleure ; bref, il me semble que je ferais une actrice étonnante ; mais je tousse et n’ai pas le souffle nécessaire pour le moment.

Monsieur mon père est arrivé ce matin. Tout se passe très bien, il n’y a que la pauvre femme de Paul qui est toute démontée, sentant chez lui une indifférence frisant l’hostilité. Moi, je suis convenable, je lui donne une très belle émeraude que m’a donnée maman et dont je n’ai que faire. J’ai eu un peu de regret après ; j’aurais pu la donner à Dina qui adore les bijoux, mais bast ! — — Et dire que je

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