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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Séance ; puis Robert-Fleury. AMercredi 9 août.

vient diner. Je lui montre une esquisse faite ce matin, d’une chiffonnière que j’ai arrêtée au passage. Tony R.-F. trouve que c’est bien. Elle est devant moi et je la regarde. Tony dit de ne plus y toucher, quoique ce soit à peine indiqué et d’en faire une autre très poussée. Quand, par hasard, je fais quelque chose de passable, ce sont des ivresses d’enfant. Je m’aime.

Jeudi 10 août. Ce pauvre Tony a effacé la main gauche à la fin de la séance. On a beau étre académique et avoir eu la médaille d’honneur, pas moins sujet…, et d’abord il a envie de faire quelque chose de très bien ; il m’a dit qu’il avait eu presque le cauchemar et la migraine, après, parce que ça ne vient pas du premier coup. Eh bien, comme je sympathise à ces maux que je connais bien :.., et dont on ne se fait pas une idée, quand on n’est pas de la partie ! Il écrit un journal tous les soirs comme moi ; qu’estce que vous croyez qu’il peut y dire de moi ? Il croit que les lauriers de Breslau m’empêchent de dormir… Mais il sait à quel point je reconnais mon humilité… C’est vrai, que maintenant je dis mon tableau, et encore cela me parait d’une outrecuidance ! C’est seulement en entendant d’autres nullités dire mon esquisse, mon tableau, etc., que j’ai osé… et si je considère cela comme une espèce de ridicule, c’est que je compte bien avoir le droit de le dire haut et que je ne veux pas le on n’en est

démonétiser, le rapetisser par un usage trop familier et disproportionné. Vous comprenez cela, n’est-ce pas ? Dimanche 13 août. — Il est trois heures du matin, je M. B. — II.

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