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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

DE MARIE BAŞHKIRTSEFF. 383

Ainsi, je rentre et fais plusieurs esquisses des choses entrevucs; un banc dans la rue avec plusieurs petites filles causant et jouant ensemble. Cet assemblage de visages d'enfants est ravissant. Puis une table de café avec deux hommes, dont les attitudes si caractéristiques sont là, gravées dans la tėte et esquissées sur toile; la maîtresse du café appuyée dans la pénombre de la porte.

Et puis, au Temple, une jeune fille très blonde, qui rit appuyée à sa boutique, une boutique de couronnes mortuaires. Ge dernier pourra se faire dans l'atelier... Mais

les deux autres demandent du plein air... Je ne sais pourquoi je vous raconte tout cela. Dès demain... C'est une fièvre !

Enfin, ces choses que l'on surprend, c'est comme des fenêtres ouvertes sur la vie des gens, on suppose, on devine la vie, le caractère, les journées de ces gens. C'est admirable, c'est d'un intérêt intense, palpitant I Mais !...

Les imbéciles croient que pour être « moderne » ou réaliste il suffit de peindre la première chose venue. sans l'arranger. Ne l'arrangez pas, mais choisissez et surprenez, tout est là. Mercredi 23 août. Au lieu de bien travailler à n'importe quelle étude, je me promène; oui, mademoiselle fait des promenadės d'artiste et obsérve ! Je suis allée deux fois à l'asile des enfants, le matin et l'aprèsmidi. La

directrice est déjà mon amie; quant aux enfants, à ma seconde visite, grâce à une aumône de bonbons, ils m'ont entourée, se serrant autour de ma robe, comme un troupeau de petites bêtes ravissantes. Tous