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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

cutants de huitième ordre. Comment ai-je pu méconnaitre à ce point cette vérité et me cramponner avec cette folle énergie?... Jeudi 30 août. - Je dessine ma Madeleine, j'ai un modèle qui est admirable pour cela; du reste j'ai vu la tête qu'il me faut, il y a trois ans, et cette femme a justement ces traits et même cette expression intense, terrible, désespérée. Ce qui me charme dans la peinture, c'est la vie, c'est la modernité, les mouvements des choses qu'on voit. Mais comment dire?... Outre que c'est désespérement difficile, presque impossible..., cela n'émeut pas! Rien en peinture ne m'a touchée comme la Jeanne d'Are de Bastien-Lepage, car il y a là ce je ne sais quoi de mystérieux, d'extraordinaire... Un sentiment compris par l'artiste, l'expression parfaite, intense d'une grande inspiration; enfin... il est allé chercher là quelque chose de grand, d'humain, d'inspiré et de divin en même temps; ce que c'était en somme et ce que personne n'avait compris avant lui. En a-t-on fait des Jeanne d'Arc! Bonté divine! « la croix de ma mère! » G'est comme les Ophélie et les Marguerite! Il est en train de faire une Ophélie; ce sera, j'en suis sûre, divin. Quant aux Marguerite, moi chétive, j'ai le projet d'en faire une... car il y a un moment à voir. Comme pour la Jeanne d'Arc... C'est lorsque la jeune fille, non pas la Marguerite d'opéra en robe de fin cachemire, mais la fille de village ou de petite ville, simple,

prenez vous ne rirez pas, troublée jusqu'alors, rentre dans son jardin après avoir rencontré Faust et s'arrête, les yeux à moitié baissés, regardant au loin, moitié étonnée, moitié souriante. humaine,

lorsque la jeune fille in— ne riez pas,

şi vous comM. B. - I.

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