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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

C’est atroce. Mais enfin je crois que le peintre qui a l’honneur de diriger ma conscience d’artiste, sera converti par moi et fera un tableau en plein air. Du reste, il dit qu’il n’a rien à objecter contre le plein air, et qu’au fond nous sommes d’accord. C’est encore possible. Je

viens de lire du Balzac ! Et à ce propos, je me rencontre avec son de Marsay, lorsque je parle de ce second moi qui reste toujours spectateur impassible du premier. Et dire qu’il est mort, Balzac !… On ne peut connaftre le bonheur d’aimer, qu’en aimant un homme de génie universel… Dans Balzac on trouve tout… Je suis toute fière d’avoir pensé plusieurs fois comme lui.

Vendredi 22 septembre. à R.-F. — Ce n’est pas mal, mais voilà tout ; il trouve que c’est très bien arrangé, que l’expression de la tête est très bien, que c’est bien en toile. Mais c’est mince de peinture, les bords sont secs, le bonhomme n’est pas baigné d’air ; ces réflexions sont de R.-F. et de moi ; je le savais. Alors je parle de mes progrès, de mon travail et j’ai le tort involontaire d’exprimer mon découragement, le peu de confiance que je m’inspire… J’ai posé aujourd’hui, et R.-F. me dit qu’il a causé de moi avec Julian, de mes tentatives, de mes ambitions. Enfin je lui ai fait pitié hier et ils ont trouvé ensemble, avec Julian, que je ferais bien de faire de simples études à l’atelier ; que les difficultés du plein air sont au-dessus de mes forces actuelles et que cela me décourage. Il me le dit avec des ménagements qui font que j’ai beaucoup de peine à ne pas pleurer. Je crois qu’il pense que je suis désespérée de n’avoir pas réussi le vieux, sur le succès duquel Julian m’avait permis d’espérer, et il Hier j’ai porté le pêcheur