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JOURNAL

Étienne a joué du piano, assez bien, puis une valse, et Michka, chargeant sur ses épaules un Starovoï, a fait trois fois le tour de la salle en valsant. On avait invité à diner les policemen qui avaient surveillé la chasse.

On tire un feu d’artifice et, pour que la fète soit complète, une fusée met le feu à un infime poulailler couvert de chaume, Cela procure à tout le monde un semblant d’émotion à très bon marché. Les hommes et les femmes de service courent comme des liévres, les seaux d’eau se croisent, on crie ; les maitres, les invités, c’est une course dans la nuit ; avec cette flamme, les arbres, c’était charmant ! Nous nous précipitions sur les lieux du sinistre en robe blanche et en mules de satin ; autrement, j’aurais été dans le feu comme Michka et papa et Paul et les policiers. Papa a été tout à fait dans les flammes ; il a sauvé toutes les poules et a peut-étre bien couru quelque danger. C’est si amusant… il n’y avait rien à craindre. Quant au malheureux juif, auteur du feu d’artifice et du désastre, il s’est enfui à toutes jambes et a passé la nuit chez Paul, dont la maisonnette se trouve à une demi-heure à peu près de là. Papa lui a donné trois roubles pour son voyage, le lendemain, mais il a préféré faire le trajet accroché derrière le landau, et cela pendant quarante verstes, à peine à cheval sur une espèce de morceau de bois. Nous ne nous sommes aperçus de ce voyageur qu’à moitié chemin. Vendredi

27 Gctobre. leil d’hier, et, énervée de ne pas travailler, je propose d’aller à Poltava, maman, Paul et moi. Sur le chemin, nous rencontrons la Princesse et Dina qui en reviennent, et Dinay retourne avec nous… A l’hôtel, nous trouvons Il fait gris après le beau so-