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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

l’esprit à propos de tout, les drôleries inévitables dans une cohue pareille.

Et lorsqu’on riait fort, il y avait des gens qui imposaient silence ; on criait : C’est indécent, respectez-lel.. Et on vendait partout’les photographies, les médailles, des journaux illustrés : « La vie, la mort de Gambetta ! » Le ceur se serre devant cette constatation brutale de l’événement, de cette publicité si naturelle pourtant et qui m’a paru comme une impudeur… Samedi 6 janvier.

cortège, des fenėtres de Marinovitch, ministre de Serbie et beau-frère de la princesse Karageorgevitch, rue de Rivoli, 240. Il serait difficile d’être beaucoup mieux. A dix heures, le canon annonce la levée du corps ; nous sommes à nos fenétres. Le char, — précédé magnifiquement des clairons des militaires à cheval, des musiciens jouant une marche funèbre et de trois énormes tombereaux surchargés de couronnes, — cause une surprise que je nommerais volontiers déceplion,

deux Bastien-Lepage qui l’ont construit. — A travers les larmes arachées par ce spectacle grandiose, j’ai Nous allons voir passer le mot dur, mais juste, pour les reconnu les deux frères marchant tout près de leur œuvre, l’architecte tenant presque un cordon du poêle et auquel son frère a généreusement accordé la préséance, n’ayant pas besoin de cela pour être célèbre. Le char est bas, comme écrasé de douleur, un drap de velours noir jeté en travers, quelques couronnes au hasard, un crêpe, le cercueil enveloppé de drapeaux… Je lui voudrais plus de majesté, habituée peut-être aux pompes de l’église… Enfin, ils ont voulu avec raison s’affranchir du corbillard classique et imiter une sorte