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JOURNAL

Prodigieuse incarnation d’un parti qui est presque la France entière, et.de toute façon dispensateur de tout ce qui faisait vibrer les ceurs de sympathie, de crainte, d’envie, d’admiration ou de haine, et c’est fini pour jamais !

Si je pouvais m’expliquer, je Mardi 9 janvier.

dirais que je suis désespérée de la mort de Gambetta. — J’ai pleuré sur le petit prince comme on pleure sur un mélodrame ; c’était tragique, c’était surtout touchant, cet enfant tué à l’étranger, si loin 1.. mais ce que je pleure à présent, je ne pourrais bien le dire que si j’avais l’honneur d’être Française et le bonheur d’être homme. Émile Bastien nous mène à Mardi 16 janvier.

Ville d’Avray, dans la maison de Gambetta, aù son frère travaille.

Tant qu’on n’a pas vu de ses yeux, on ne croit pas à un intérieur aussi misérable, rait mal ce que c’est. La cuisine seule est convenable dans cette espèce de maison de jardinier. La şalle à manger est si petite et si basse qu’on se demande comment le cercueil y a tenu, et comment sės fameux amis ont pu Le salon est un peu plus grand, mais pauvre et — car modeste exprimel’entourer. dénué

de tout confort. Un mauvais escalier conduit à la chambre à coucher, qui me remplit d’étonnement et d’indignation. Comment ! C’est dans cette misérable cage dont je touche le plafond, avec la main littéralement, qu’on a laissé pendant six semaines un malade de la constitution de Gambetta, et en hiver, avec les fenètres fermées. Un homme gros, asthmatique, blessé !

Il est mort aussi de cette cliambre.— Un méchant