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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

nez. J’ai écouté en silence pendant vingt-cinq minutes dire des horreurs de la Révolution, des crimes de la France depuis 89, etc. Il aurait été trop facile de répondre, surtout depuis que je ne m’endors chaque soir qu’après deux chapitres de la Révolution de Michelet. Bocher s’en va, je commets la faute, probablement, de dire que j’ai des opinions abominables. Comment, républicaine ?… Le moyen de se dire républicaine dans ce salon Louis XVI pur, et Étincelle trônant sur un fauteuil de laque blanche, en robe de velours bleu de roi à paniers ? Avec sa tête.drôle et charmante, cette femme est très agréable.

Je m’en tire en disant que les mobiles, les intentions, la foi, sont admirables…, que l’élan le plus généreux, etc. Enfin… que tous les partis ont commis des crimes… pour

perspective… qu’il est naturel que, dans le principe, on tâtonne, on se trompe, cruellement parfois… Enfin, timidement, mais en termes assez précis, une modeste apologie de la Révolution…, appuyant sur le côté sentimental ; et enfin Étincelle console maman en lui disant que ce qu’il y a de généreux et d’héroïque en tout ceci devait forcément trouver un écho dans mon coœur Lorsque le vieux

avoir pour excuse le bonheur de tous en jeune, etc., etc. En attendant, le monsieur à pince-nez restait toujours en lançant de temps en temps un mot, une phrase dans le style Cassagnac, et, comme nous partions, il a dit combien il avait regretté de n’avoir pu se rendre à notre soirée (il a eu une invitation par SaintAmand). Échange de vives politesses avec maman etune belle phrase à moi, avec qui il est honoré, flatté et enchanté d’avoir fait connaissance. Je réponds par une inclination de tête.