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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

DE MARIE BAŞHKIRTSEF F. 437

Samedi 24 février. — Vous savez que je suis continuellement préoccupée de Bastien-Lepage ; je me suis habituée à prononcer ce nom, etj’évite de le prononcer devant du monde, comme si j’étais coupable. Et quand j’en parle, c’estavec une tendre familiarité qui me parait naturelle, vu son talent, mais qu’on pourrait mal interpréter. Quel

dommage, mon Dieu, qu’il ne puisse pas venir comme son frère !

Et qu’en ferais-je ? Mais un ami 1 Comment ! vous ne comprenez pas l’amitié ? Ah ! moi, j’adorerais mes amis célėbres, non seulement par vanité, mais par goût, à cause de leurs qualités, de leur esprit, de leur talent, de leur génie ; c’est une race à part ; passé un certain juste milieu banal, on se retrouve dans une atmosphère plus pure, un cercle d’élus où l’on peut se prendre par la main et danser une ronde en l’honneur….. Qu’est-ce que je dis ? G’est que vraiment Bastien a une tête charmante. J’ai

bien peur que ma peinture ressenmble à la sienne… Je copie la nature très sincèrement, je sais, mais je pense à sa peinture… Du reste, un artiste doué, qui sera sincèrement épris de la nature et qui voudra la copier, ressemblera toujours à Bastien. Si ça marche toujours bien… j’aurai fini dans quatre ou cinq jours. Oui, mais… Dimanche 25 février.

crois avoir fait quelque chose de bien. Un instant, j’ai été contente de moi et j’en ai une peur qui me poursuit encore. Maintenant si ce n’est pas très bien, ce sera dou— Ce doit être horrible, car je blement douloureux.

Mardi 27 février. — Enfin, c’est une série de jours M. B. — II.

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