Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/448

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
443
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

suis dans des transes qu’on comprendra lorsque j’aurai dit pourquoi.

Villevieille vient me voir et demande si j’ai des nouvelles du Salon. — Mais non. — Comment ! vous ne Rien. Mais

vous avez passé. Sans doute, puisqu’on en est à la savez rien ? —

Je n’en sayais rien, —lettre C. Et voilà tout. J’écris avec peine, les mains me tremblent, je me sens comme désorganisée, en morceaux, en loques.

Puis arrive Alice qui dit : « Vous êtes reçue l » Reçue comment ? Sans numéro ? On n’en sait rien encore. Je ne doulais pas de mon admission. Et avec ça, maman, ma tante, tout le monde est dans une inquiétude qui m’agace au suprême degré. J’ai fait de grands efforts pour être comme à l’ordinaire et recevoir le monde. M. Laporte est venu, mais je m’habillais. J’ai envoyé quarante dépêches et, cinq minutes après, j’ai reçu un mot de Julian, que je copie textuellement : « O naïveté, o sublime ignorance. Je vais enfin vous dissiper.

« Reçue avec n° 3 au moins, car je connais quelqu’un qui voulait un n° 2 pour vous. Et maintenant vainqueur. Salut et félicitations. » Ce n’est pas une joie, mais c’est la tranquillité. Je ne crois pas que le n° 1 lui-même pourrait me faire plaisir, après ces vingt-quatre heures d’humiliantes inquiétudes.

les souffrances. Pas chez moi. Les difficultés, les inquiétudes, les souffrances me gâtent tout. dit

que la joie est plus vive après Mardi 27 mars. — Je viens de chercher dans l’Odyssée. Homère ne donne pas la scène que j’ai ima-