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JOURNAL

ginée. Ilest vrai qu’elle doit venir comme la conclusion logique et inévitable des faits précédents ; mais enfin il ne la donne pas. Mais le discours, plein de louange et d’admiration d’Ulysse, en abordant Nausicaa a da inévitablement monter la tête à celle-ci ; elle s’en explique du reste à ses compagnes. Elle le prend pour un dieu, et il lui fait la même politesse… Enfin, c’est comme ça. Je relirai encore les paroles d’Ulysse. Lorsqu’il apparait nu et souillé aux jeunes Phéniciennes, elles s’enfuient toutes ; Nausicaa reste seule. « C’est Minerve qui lui donne ce courage ». Ce vieux viveur, ce vieil intrigant, fort beau du reste, a besoin de vêtements et de protéction, et il compare Nausicaa à Diane. Donc elle doit être grande, élégante et svelte. — Et ses yeux, dit-il, n’ont jamais vu une.mortelle semblable. – Il la compare ensuite à une tige de palmier qui l’a rendu muet de surprise, à Délos, prés l’autel d’Apollon, dans un voyage qu’il y fit, suivi d’un peuple nombreux, et ce voyage a été pour lui la source des plus grands malheurs. Ainsi en quelques mots il lui prodigue les plus belles flatteries et se présente lui-même sous un jour poétique, majestueux et digne du plus vif intérèt par ses malheurs ; il semble persécuté par les dieux. Pour moi, il est impossible que cette jeune fille, que Bon esprit et sa beauté rendent l’égale des immortelles, ne soit pas saisie d’un sentiment extraordinaire, surtout dans les dispositions où l’avait mise le rêve précurseur. Aujourd’hui,

j’ai travailló jusqu’à six heures ; à six heures, comme il fait encore jour, j’ai ouvert la porte du balcon pour entendre Vendredi 30 mars.