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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

DE MARIE BASHKIRTSEFF : 445

sonner l’église et respirer l’air du printemps en jouant de la harpe.

Je suis calme, j’ai bien travaillé, puis je me suis lavée, mise en blanc, j’ai fait de la musique et maintenant j’écris ; tranquille, satisfaite, jouissant de cet intérieur arrangé par moi, où j’ai tout sous la main ; ce serait si beau de vivre de cette vie… en attendant les grandeurs ! et même si elles venaient, les grandeurs, je leur sacrifierais deux mois par an, et les autres dix mois je resterais enfermée et travaillant… d’est le seul moyen, du reste, de se procurer les deux mois en question. Ce qui me tourmente, c’est qu’il faudra que je me marie. Alors, il n’y aurait plus aucune de ces basses inauiétudes de vanité, auxquelles je n’échappe pas.

Pourquoi ne se marie-t-elle pas ? vingt-cinq ans, et cela m’enrage mariée… Oui, mais avec qui ? Si j’étais comme avant, bien portante… Mais maintenant il faut que ce soit un homme bon et délicat. Il faut qu’il m’aime, car je ne suis pas assez riche pour en épouser un qui me laisse tout à fait tranquille. Dans tout cela je ne fais pas la part de mon ceur à moi. On ne peut pas tout prévoir, et puis ça dépend… Et puis ça n’arrivera peut-étre jamais ?… Je viens de recevoir la lettre suivante : — On me donne

tandis qu’une fois « Palais des Champs-Élysées. Association des artistes français pour les expositions annuelles des BeauxArts. « 

MADEMOISELLE, « Je vous écris sur la table même de la salle du jury, pour vous dire que la tête au pastel a eu un véritable M. B. — II.

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