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JOURNAL

qui est premier prix du Conservatoire et qui pra tique.

Samedi 28 avril (Pâques russes). Dimanchę

— Le vernissage demain. Mon’tableau n’est 29 avril.

pas sur la cimaise et ma robe est laide, et… Allons, c’est fou et indigne de moi ! La vérité la voici : j’ai à faire mes six gamins, grandeur naturelle, en pied, au coin d’une rue, auprès d’un reverbère. Je serai interrompue pendant un mois par la Russie, je reviendrai ensuite et les finirai ; ça me mènera probablement jusqu’en octobre. En octobre, je pars pour Jérusalem et j’y resterai. Ça dépendra ; s’il y a moyen d’y faire le tableau, j’y resterai trois ou quatre mois ; sinon, j’y resterai un mois et reviendrai en novembre-décembre, avec des études, pour repartir dans le Midi où je pourrai peindre mes figures en plein air en me servant des paysages rapportés. En janvier, cela m’amènera à Paris, où je ferai le tableau d’intérieur, moins grand que nature, dont l’idée a été rapportée du Mont-Dore : l’enfant de cheur.

Je pousserai en même temps la statue à laquelle je pourrai travailler tout le temps à Paris, c’est-à-dire juillet, août, septembre et janvier, février, mars. Pourtant je ne pense pas quel’enfant de cheur se fasse, si je fais les saintes femmes, et vice versa. On a raison de dire que je m’éparpille, que je me dépense et m’énerve pour des riens, et que c’est bien dommage. Comment, il dépend de moi d’être forte et je ne le puis !

Allons donc, voyons ! Il faut essayer. Je veux me concentrer.