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JOURNAL

vapeur magique. Jules Bastien l’admire énormément, Un tableau de. Cazin que j’aime moins que ses paysages de sentiment, c’est Judith qui sort de la ville pour aller chez Holopherne. Je n’ai pas assez regardé pour subir « le charme qui doit s’en dégager » ; mais ce qui frappe, c’est que l’aspect de Juditb n’excuse pas l’entraînement d’Holopherne.

Le tableau de Bastien-Lepage ne m’enlève pas complètement. Les deux figures sont irréprochables. Sa fillette vue de dos, la tête dont on ne voit que la joue, et cette main qui tourmente une fleur, tout cela est d’une poésie, d’un sentiment, d’une observation poussée au suprême degré. Ce dos est un poème. La main qu’on voit à peine est un chef-d’ceuvre. On sent ce qu’il a voulu exprimer. La petite baisse un peu la tête et ne sait que faire de ses pieds qui ont une pose d’un embarras charmant. Le jeune homme est très bien aussi. Mais la jeune fille est la grâce, la jeunesse, la poésie même. C’est vrai, c’est juste, c’est senti, c’est fin, c’est délicat. Maintenant il y a un paysage tout à fait désagréable. Outre qu’on aurait pu choisir un endroit moins vert, il aurait fallu aussi l’exécuter de façon à ce qu’il ne vienne pas en avant. Ça manque d’air. Pourquoi ? On dit que le fond est trop empâté. Enfin, c’est lourd. Et Breslau ? Breslau, c’est bien, mais on se sent troublée. C’est encore de la bonne peinture, mais ce tableau ne dit rien et il est d’un ton joli, mais commun. Ce sont des gens qui prennent du thé auprès de l’âtre. Intérieur bourgeois, sans caractère. Une brune, une blonde, un jeune homme. Ils ont l’air très grave. Ça manque d’intimité. J’aurais cru que ce serait plus ramassé et plus intime. Ça n’exprime rien. Elle, qui —