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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

parle tant de sentiment, ne me paraft pas douée de ce coté-là… Son portrait est bon, mais voilà tout. Et moi ?

Eh bien, la tête d’Irma est agréable et d’une peinture assez franche. Mais c’est une chose sans prétention. Et

le tableau m’a paru sombre, et quoique fait en plein air, il n’en a pas l’air. Le mur n’a pas l’air d’un mur, c’est un ciel, une toile peinte, tout ce qu’on veut. Les têtes sont bien. Mais ce fond est désastreux. Pourtant cela mériterait une meilleure place ; surtout quand on voit des choses tellement inférieures sur la cimaise. Tout le monde est d’accord pour dire que les têtes, celle de l’afné surtout, sont très bien. 11 est probable que j’aurais pu faire mieux le reste, puisque c’est relativement facile, mais je n’ai pas eu le temps. En revoyant mon tableau accroché là, j’ai appris plus qu’en six mois d’atelier. Le Salon est un grand enseignement… Je ne l’ai jamais si bien compris. Mercredi 2 mai. — Je devais aller à l’Opéra, mais à quoi bon ? C’est-à-dire j’ai pensé un instant y aller pour qu’en m’y montrant jolie, cela vienne aux oreilles de Bastien. Et pourquoi faire ? Je ne sais pas. Enfin, est-ce bête ! Est-ce fou, que je plaise à des gens à qui je ne tiens pas du tout et qu’en revanche ?… Il faut faire attention, d’autant plus que ce serait vraiment pour le roi de Prusse, car enfin je ne lui en veux pas sérieusement à ce grand artiste. L’épouserais-je

? Non. Eh bien, alors ?

Enfin, pourquoi toujours fouiller jusqu’å je ne sais où ? J’ai une envie. folle de plaire à ce grand homme et voilà tout. Et à Saint-Marceaux aussi. Auquel davantage

? N’importe auquel. Un d’eux me suffirait. C’est

M. B. — I.

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