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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Voilà comment il faudrait être, — composition, dessin, couleur sont d’une fougue incomparable. C’est bien le talent de son nom. Écoutez : Rochegrosse, Georges Rochegrossse. C’est un roulement de tonnerre.

Et puis l’idyllique Bastien-Lepage. Georges Rochegrosse débute comme un torrent ; il est possible que plus tard son talent prendra une forme plus resserrée et qu’il recherchera la quintessence sentimentale, la psychologie, comme Bastien-Lepage. Et moi ?…Que dit mon nom ? Marie Bashkirtseff… J’en changerai, car il sonne comme quelque chose de bizarre, de tourmenté, non qu’il ne promette un certain éclat ; il a méme une certaine allure, de la fierté, du bruit, mais c’est saccadé et tracassé. bert-Fleury, n’est-ce pas froid comme une épitaphe. Et Bonnat ? C’est correct, c’est, vigoureux, mais court et sans éclat. Manet sonne comme un être incomplet, un élève qui promet beaucoup à cinquante ans. Breslau est sonore, calme, puissant. Saint-Marceaux, c’est, comme Bashkirtseff, très nerveux,’mais moins tourmenté. Henner est mystérieux et calme, avec je ne sais quoi de gracieux comme l’antique… Tony RoCarolus-Duran est un déguisement. Dagnan est subtil, enveloppé, fin, doux et fort, mais sans beaucoup d’au delà. — Sargent me fait penser à sa peinture, du faux Velazquez, du faux Carolus, moins quez et tout de même bien. Velazanb

Lundi 7 mai.

Je recommence entièrement les gamins ; je les fais en pied, une toile plus grande : c’est plus amusant.