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JOURNAL

ça ? A bas les vils copistes, les photographes, les naturalistes

!

Et allez donc !

Enfin, ce qui m’a laissé une impression pénible, c’est que je n’étais ni jolie, ni vive, ni spirituelle… Vendredi 3 août. – Bastien-Lepage est désespérant. Quand on étudie la nature de près, quand on veut l’imiter absolument, il est impossible de ne pas penser tout le temps à cet immense artiste. Il possède tous les secrets de l’épiderme ; ce que font les autres est dè la peinture ; lui, c’est la nature même. On parle de réalistes ; mais les réalistes ne savent pas ce que c’est que la réalité : ils sont grossiers et croienl être vrais. Le réalisme ne consiste pas dans la représentation d’une chose vulgaire, mais dans le rendu qui doit être parfait.

Je ne veux pas que ce soit de la peinture, je veux que ce soit de la peau et que ça vive ! Quand on s’est donné un mal de chien toute la journée, on en est à se reprocher cruellement d’avoir travaillé mal et d’avoir produit une chose sèche et peinte ! Et le souvenir de ce monstre de Damvillers vous écrase. C’est large, c’est simple et c’est vrai, et tous les détails de la nature y sont ! Ah ! misère ! Dimanche 5 août. —On dit que j’ai eu un roman avec G. et que

on ne comprend pas autrement pourquoi, ayant une belle dot, je ne suis encore ni comtesse ni marquise. Les sots ! Heureusement que vous, poignée d’êtres d’élite, gens supérieurs, vous chers bien-aimés confidents qui me lisez, vous savez à quoi vous en tenir. Mais quand vous me lirez, tous ceux dont je parle seront c’est

pour cela

que je ne me marie pas, car