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JOURNAL

J’ai été au Louvre ce matin pour voir Raphaël, à la suite d’une.lecture du Stendhal. Eh bien, quoi que je fasse, d’après ce que je vois ici, je ne puis l’aimer. J’aime encore mieux la naïveté des primitifs. Raphaël est roué et faux. Divin, divin 1… divin, est-il.divin ? Le caractère du divin est de nous ravir et : de trans+, porter nos pensées en des régions célestes. Raphaël me fatigue.

Qui donc est divin alors ? Je n’en sais rien. Pourquoi Stendhal dit-il que Raphaël peint les âmes ? Dans lequel de ses tableaux ?

Voilà une admiration qu’il me faudra travailler. A la bonne heure, les primitifs, naïfs et admirables artistes dont est presque déjà le précieux Pérugin ! Mais que peuvent me faire ces grandes machines absurdes,. pleines de science et de correction, ou même les : amas de chair de Rubens ? Mais ça m’ennuie ! Que voulez-vous que je fasse des noces de Cana ou des Vierges : de Raphaël ? Ce n’est pas divin cela ! Cette Vierge est ordinaire, et cet enfant ? Au fait, il faudrait revoir ce. qu’il y a en Italie. Le souvenir que j’en ai gardé n’est pas favorable… La Vierge à la chaise est un type de. jolie femme de chambre italienne bien délicate. Je vois plus de divinité dans Michel-Ange. Raphaël Sanzio. Écoutez ce nom précieux : Je ne voudrais représenter que des choses qui empoignent, émeuvent, laissent palpiter ou réver, enfin quelque chose qui accroche le cœur comme les simples petites toiles de Cazin ; la dimension importe peu, mais. si en grand on arrivait à cet effet… ce serait superbe. Mais combien y en a-t-il qui comprennent Cazin. ? Samedi 11 août. — Je lis les histoires de la pein-