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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

495En outre, je fonderai un prix pour des artistes, hommes ou femmes.

Au lieu de m’occuper de ça, je veux vivre. Mais je n’ai aucun génie et il vaut encore mieux mourir. Lundi 27 aoüt. J’ai donné mon Pécheur à la ligne à la loterie d’Ischia ; les lots sont exposés rue de Sèze ; chez Petit. Il fait bien, mon pécheur, et l’eau est bien ; je n’aurais jamais cru ça. Ah ! le cadre-l Ah ! le mi lieu ! Nous sommes bien fous. A quoi bon faire de l’ant,.. la foule n’y comprend rien. Tu aimes-donc la foule, toi ?  : Oui ; c’est-à-dire queje voudrais d’une renommée comprise de tous pour avoir encore plus d’admiration.. Mercredi 29 août.

— Je tousse toul le temps malgré la chaleur ; et cette après-midi, pendantle repos du modėle, m’étant à moitié endormie sur le divan.je me suis vue couchée et un grand.cierge allumé— à câté : de : moi.

Ça serait le dénouement de toutes : ces misères.. Mourir ? J’en ai très peur. Et je ne veux pas. Ce serait affreux. Je ne sais comment font les heureux ; mais moi, je suis bien.à plaindre depuis que je n’attends plus rien de Dieu. Quand. ce suprême refuge manque, on n’a plus qu’à mourir. Sans Dieu, il ne peut y avoir ni poésie, ni tendresse, ni génie, ni amour, ni ambition. Les passions nous jetlent dans des incertitudes, des aspirations, des désirs, des violences de pensée. On a besoin d’un au delà, d’un Dieu à qui reporter ses : enthousiasmes et ses prières, un Dieu à gui tout. demander et qui peut tout, à qui on peut tout dire. Je : voudrais bien que tous les hommes remarquables. se confessent et disent si, quand ils ont été bien amou+