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JOURNAL

reux, bien ambitieux ou bien maiheureux, ils n’ont

pas eu recours à Dieu.

Les natures vụlgaires, mėme très intelligentes et très savantes, peuvent s’en passer. Mais ceux qui ont l’étincelle, même s’ils sont aussi savants que toute la science et mėme s’ils doutent par raison, ceux-là croient par passion, au moins par moments. Je ne suis pasbien savante, mais toutes mes réflexions tendent à ceci : le Dieu qu’on nous enseigne est une invention. Le Dieu de la religion ou des religions, : celui-là, n’en parlons plus. Mais le Dieu des hommes de génie, le Dieu des philosophes, le Dieu des gens simplement intelligents, comme nous, ce Dieu-là est injuste, s’il ne nous entend pas, ou s’il est méchant, je ne vois pas ce qu’il a à faire. Mais s’il n’existait pas, pourquoi ce besoin de l’adorer partout, chez tous les peuples et dans tous les temps ? Est-il possible que rien ne réponde à ces aspirations, qui sont innées chez tous les hommes, à cet instinct qui nous porte à chercher l’Étre suprême, le grand maître, Dieu ? Samedi 8 septembre.

le portrait de Louis. Nous sommes allés à Versailles et le soir, après la visite au maréchal, Claire et moi allons nous étendre par terre au salon, comme tous les soirs. Des conversations sur les arts, comme tous les soirs toujours, mais ce soir surtout il y a plus d’intimité vraie, et puis surtout c’est que je pense à mon tableau. Ce sera… quelque chose rempli de poésie… tranquille, calme, simple, profond.

Ce ne sont pas les termes magnifiques qui manquent. Enfin, nous verrons.

Une bonne journée, j’ai fini —