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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Tout ça, cher ange, pour dire que tu adores le génie du petit Bastien ?

Oui. Alors, c’est fait, là-dessus va te coucher. Amen. Dimanche 20 janvier.

pas d’amie, je n’aime personne et personne ne m’aime. Si je n’ai pas d’amie, c’est que (je le sens bien) malgré moi je laisse par trop voir de quelle hauteur « je contemple la foule ». Personne n’aime à être humilié. Je pourrais me conC’est triste, mais je n’ai

soler en pensant que les natures vraiment supérieures n’ont jamais été aimées. On les entoure, on se chauffe à leurs rayons ; au fond, on les exècre et, sitôt qu’on peut, on les diffame. A l’heure qu’il est, il est question d’une statue à Balzac, et les journaux publient des souvenirs et des renseignements recueillis chez les amis du grand homme. C’est à vomir de dégoût, des amis pareils.

C’est à qui divulguera un vilain trait, un ridicule, une bassesse.

J’aime mieux les ennemis, on les croit moins. Samedi 23 février.

arrivées vers une heure pour recevoir Madeleine Lemaire, qui vient voir le tableau. Cette dame est une célèbre aquarelliste et femme du monde aussi, mais elle vend ses tableaux très chers. Elle n’a dit que des choses flatteuses, naturellement. Et je suis de mauvaise humeur, enragée. C’est probablement parce que je mourrai bientôt ; mais toute ma vie me revient dès les commencements avec les détails, des choses bêtes et qui me font pleurer ; je n’ai jamais été souvent au bal comme les autres ; trois, La Maréchale et Claire sont 1. B. II,

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