Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/544

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
539
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

(il n’a cu que le second prix de Rome) de 1875 ; et alors de l’élé dernier il y a une esquisse faite à Concarneau ; ça fait cinq. La mare de Damvillers, 6. Les Blés ou les Faucheurs ; on ne voit qu’un petit faucheur de dos.

Un vieux gueux portant du bois dans une forêt, ça fait huit. La mare de Damvillers, les faucheurs et le gưeux sont en plein soleil, et, lorsqu’on m’aura montré beaucoup de paysagistes de cette valeur, je serai bien étonnée, C’est qu’un grand artiste ne peuųt pas avoir de spécialité.

Je sais que j’ai vu chez Bastien-Lepage une Andromède qui, quoique petite, est une étude de nu comme personne ne peut en faire. Précision, caractère, noblesse de forme, élégance du mouvement, finesse de ton, tout y était. Et une exéculion précieuse et large en même temps ; enfin, comme la nature, de la chair et de la peau enfin ! Lorsqu’il a voulu faire un effet de crépuscule, il a fait le Soir au village, qui est un chef-d’euvre pur. Celte note poétique.à la Millet était dépassée peut-être… Je dis à la Millet pour faire comprendre ; car Bastien est lui-même, et si Millet a peint des soirs et des lunes, il en reste encore pour d’autres, Dieu merci. Ce Soir au village est d’un effet magique ; comment ne l’ai-je pas acheté ? Il a donné aussi des vues de Londres, avec la Tamise où l’on voit positivement couler l’eau, cette eau lourde, épaisse, qui coule en tournant pour ainsi dire. Entin, ses petits portraits sont des plus beaux, aussi beaux que tous les petits portraits des maîtres anciens. Et le portrait grandeur nature de sa mère est d’une exécution qui n’en est pas, car c’est la nature même, de loin comme de près. Enfin Jeannè d’Arc est une inspiration de génie.